Dialogue sur Georg Lukacs

Michael Löwy, Nikos Foufas

Dialogue sur Georg Lukacs

Interventions et répliques

J’ai découvert l’importance de Georg Lukács en lisant l’essai de Lucien Goldmann, Philosophie et sciences humaines, alors que j’étais étudiant à l’université de São Paulo, au Brésil, vers 1958. Son chef-d’œuvre, Histoire et conscience de classe, n’était pas accessible au Brésil à l’époque ; j’ai essayé en vain de le trouver. Il apparaissait comme un livre mystérieux, rejeté par son auteur, mais néanmoins essentiel pour une compréhension dialectique du marxisme. Ce n’est qu’en 1960 que j’ai pu obtenir un exemplaire de la traduction française, en la commandant à la librairie française de São Paulo. Alors que je commençais à la lire, une phrase de l’essai « Rosa Luxembourg en tant que marxiste » m’a frappé comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu : « Ce n’est pas la prédominance des motifs économiques dans l’explication de l’histoire qui distingue de manière décisive le marxisme de la science bourgeoise, c’est le point de vue (Gesichtspunkt) de la totalité ». Je n’oublierai jamais l’impression que cette phrase a faite sur moi. (Michael Löwy)