Les artistes du jazz sont les derniers
rebelles, les derniers véritables bohémiens. Au siècle du triomphe de L’homme
de l’organisation, ils se font l’expression d’un individualisme radical et
d’une liberté artistique absolue. Ils possèdent quelque chose d’à la fois
tragique et touchant, qui les sépare des autres créateurs contemporains. Cette
possession artistique ne prend pas toujours la même forme. À côté de
personnalités comme Charlie Parker, Bix Beiderbecke, Lester Young, Billie
Holiday, trop tôt consumées par les flammes de leur désir d’expression
musicale, on trouve des hommes et des femmes plus sereins et bon enfant comme
Louis Armstrong, Gene Krupa, Kid Ory, Sarah Vaughan. Mais même derrière les
expressions les plus bourgeoises du monde du jazz, nous retrouvons la révolte
de l’artiste contre la rationalité insipide qui l’entoure.